AIP (Auto-Immune Protocol) : Le protocole Paléo pour les troubles immunitaires

Passer au paléo, on le fait parfois pour perdre du poids, souvent pour se sentir mieux et la promesse est souvent tenue. Mais que faire quand on suit ce mode alimentaire à la règle et que notre corps continue à aller mal ou du moins pas aussi bien qu’on le souhaiterait ? Faut-il tout remettre en question pour autant ? Pas du tout. Seulement, il faut avoir conscience que chaque individu est différent et que le paléo propose un modèle susceptible d’être efficace sur la masse mais que certaines personnes peuvent avoir besoin d’aller encore plus loin.

C’est ce que l’on fait notamment avec le Whole30, un programme qui nous propose d’enlever des aliments qui, même en étant paléo, peuvent avoir des effets négatifs pour ceux qui y sont sensibles. Mais on peut aller encore plus loin en adoptant le protocole AIP (Auto-Immune Protocole), une version du paléo plus poussée, qui cible l’ensemble des aliments susceptibles d’avoir des effets négatifs sur la santé. Et comme vous l’avez peut-être déjà remarqué, PaléOh! dispose d’une section AIP qui va s’étoffer progressivement.

Ce protocole, comme son nom l’indique, est particulièrement adapté pour les personnes souffrant de maladies auto-immunes, mais pas seulement car il permet aussi de déceler des intolérances à des aliments auxquels on ne pense pas forcément.

Qu’entend-on par maladies auto-immunes ?

Le terme englobe un certain nombre de dysfonctionnements. Entre autres, la sclérose en plaque, certains dérèglements de la thyroïde, le lupus, le psoriasis, le diabète par insulino-résistance, certaines anémies, la polyarthrite rhumatoïde, mais aussi certains cas de stérilités (parfois liées au syndrome des ovaires polykystiques), la maladie de Crohn, et bien d’autres.

Le point commun de ces troubles c’est qu’ils résultent tous d’un dysfonctionnement du système immunitaire. Et l’équilibre du système immunitaire dépend en grande partie de la qualité de notre alimentation car certains aliments et nutriments influent de façon négative ou positive sur les hormones, le système digestif et le système immunitaire de façon directe et indirecte.

J’ai personnellement essayé le protocole AIP lors de mon dernier Whole30 et cela m’a permis de déceler une sensibilité aux blancs d’œufs que je n’avais jamais suspectée. On peut faire avec des aliments qui ne nous conviennent pas sur le long terme, sans que les maux ne soient extrêmement violents mais en continuant de se trouver dans un état d’inconfort diffus et continu, sans pouvoir l’expliquer. Dans ce cas, tenter le protocole AIP sur la durée d’un Whole30 ou idéalement sur plusieurs mois peut vous apporter la réponse à vos interrogations, même lorsque vous ne souffrez pas d’une maladie telle que celles citées précédemment.

Je vous propose ci-dessous ma traduction d’un article proposé sur le site Whole30.com. Il s’agit d’un entretien avec Sarah Ballantyne, auteure de l’ouvrage The paleo approche qui est dédié au protocole AIP.


L’approche paléo de Sarah Ballantyne pour les maladies auto-immunes

(The Paleo Approach for Autoimmune Disease: An Interview with Sarah Ballantyne, PhD)

Quelle est la définition d’une maladie auto-immune ?

Une maladie auto-immune est causée par une attaque de votre propre système immunitaire contre les protéines, les cellules ou les tissus du corps humain. La maladie auto-immune qui vous touche dépend de la nature des tissus endommagés par le système immunitaire. Des exemples communs de maladies auto-immunes sont le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type I, le lupus, la sclérose en plaques et le syndrome Hashimoto (thyroïde), etc.

Quel est l’objectif d’un protocole alimentaire auto-immun (AIP) ? Comment le fait de changer son alimentation peut-il avoir un impact sur votre système immunitaire et sur ces maladies ?

Il y a des liens très forts entre l’alimentation et le développement des maladies auto-immunes, et le protocole AIP casse ces liens.

L’AIP est fait pour réguler le système immunitaire de deux façons. Tout d’abord, l’AIP augmente de façon considérable la densité nutritive de votre alimentation. Il apporte au corps les nutriments nécessaires pour que le système immunitaire fonctionne correctement et les nutriments permettant de soigner les tissus endommagés. Ensuite, l’AIP enlève les aliments qui stimulent le système immunitaire, que ce soit directement par le dérèglement d’hormones telles que l’insuline ou en endommageant le système digestif ou en contribuant à la dysbiose (lorsque que les mauvaises quantités ou le mauvais de type de bactéries se développent dans les intestins). Ceci est important car les bactéries probiotiques dans notre système digestif sont essentielles pour contrôler notre système immunitaire.

Faire le Whole30 est-il suffisant pour voir une amélioration ou pour éliminer les symptômes auto-immuns ?

C’est le cas pour certaines personnes. En régulant le sucre sanguin, en éliminant les céréales, les légumineuses, les produits laitiers et l’alcool, beaucoup verront de grandes améliorations et certains pourront complètement guérir. On conseille d’ailleurs souvent aux personnes qui ont une alimentation occidentale conventionnelle et qui s’intéressent à l’AIP (et qui ne sont pas dans un état de santé urgent) de commencer avec un programme comme le Whole30 pour voir quelle amélioration cela peut leur apporter dans un premier temps.

On leur recommandera parallèlement, avant de passer à l’AIP, de considérer l’importance des aliments denses sur le plan nutritionnel (viande bio, produits de la mer, légumes, etc.), les raisons pour lesquelles les solanacées, les œufs, les noix et les graines peuvent être problématiques. On leur demandera également de donner la priorité au sommeil, à la gestion du stress et à une activité physique saine.

En plus du Whole30 (durant lequel on élimine déjà les sucres ajoutés, l’alcool, les céréales, les légumineuses et les produits laitiers), que faut-il éliminer en plus de son alimentation lorsque l’on a une maladie auto-immune.

L’AIP élimine les œufs, les solanacées (tomates, poivrons, aubergines, piments, etc.), toutes les noix et les graines (y compris les meilleures choix tels que les noix de cajou, les noisettes ou les noix de macadamia). Mais dans l’AIP, les aliments à consommer en grande quantité sont aussi importants que les aliments à retirer.

Je recommande de consommer au moins :

  • 3 portions de poisson gras d’eau froide par semaine (voire plus si vous consommez beaucoup de volaille et si vous ne pouvez pas vous fournir en viande nourries exclusivement à l’herbe)
  • 4 portions d’abats par semaine (foi, cœur, rognons et d’autres morceaux de viande de type peau, moelle, joues, pattes/pied et bajoue)
  • Des portions généreuses de légumes à tous les repas.

Je pensais que les tomates et les œufs étaient de bons aliments ! Pourquoi devoir les éliminer ?

Ce qui est très frustrant pour les personnes souffrant de maladie auto-immune (et je ne le sais que trop bien puisque j’en fais partie !) c’est que notre système immunitaire est plus enclin à être stimulé de façon dysfonctionnelle et contre-productive. Malheureusement, les légumes de la famille des solanacées, comme les tomates (et surtout les tomates !) contiennent plusieurs composants immunostimulants, d’ailleurs certains d’entre eux ont été étudiés pour l’usage des vaccins ! Le blanc d’œuf contient une molécule appelée le lysozyme qui agit comme porteur pour les autres composants immunostimulants et les aide à traverser la barrière intestinale pour entrer dans le corps. Je sais que mon corps réagis plus mal à la tomate qu’à un morceau de pain !

Vous avez mentionné également le mode de vie au-delà de l’alimentation. Quelles sont les recommandations en la matière ?

Le stress, le manque de sommeil, le rythme circadien interrompu, l’inactivité ou au contraire le surmenage contribuent tous au dysfonctionnement immunitaire. En fait, ils sont aussi importants (voire plus) que l’alimentation. Les changements de mode de vie ne font pas partie du protocole AIP classique tel qu’il a évolué au cours des années, mais il est devenu un élément essentiel de mon protocole depuis que j’ai étudié son importance.

Je recommande spécifiquement de dormir au moins 8 heures chaque nuit (9 ou 10 sont meilleures au début), de gérer et de réduire le stress (savoir dire « non », demander de l’aide, méditer, faire du yoga, prendre des bains, prendre du temps pour les loisirs, etc.), de passer du temps à l’extérieur chaque jour, de s’assurer que votre environnement en soirée soit assez sombre pour être bénéfique au rythme circadien, d’introduire une activité physique douce à modérée (marche, yoga, natation, musculation), d’éviter les activités épuisantes (comme la course à pied). Toutes ces recommandations résultent des effets que ces modes de vie ont sur les hormones qui régulent le système immunitaire et la santé digestive.

Au bout de combien de temps peut-on voir les effets de l’AIP ?

Il est difficile de réponde à cette question car cela peut considérablement varier d’une personne à une autre. Certaines personnes disent avoir constaté des résultats au bout de trois jours, mais cela reste une petite minorité. Pour la plupart, cela pendra des mois, voire des années.

Beaucoup de facteurs agissent sur la durée des progrès : la nature de la maladie, la durée de la maladie, le degré d’agressivité, l’étendue des dommages sur vos tissus, votre génétique, les carences ou les excès en nutriments qui doivent être corrigés, l’état de votre barrière intestinale, la nature et la quantité de bactéries qui grandissent dans votre système immunitaire, avec quel sérieux et dans quelle mesure vous appliquez le protocole AIP, la qualité de votre sommeil, la façon dont vous gérez le stress, votre niveau d’activité physique, le temps que vous passez à l’extérieur en journée, les loisirs que vous vous accordez, etc.

Il se peut aussi que vous ayez d’autres maladies à soigner : mutation du gène de la MTHFR, une infection chronique comme un parasite ou une bactérie comme l’Helicobacter Pylori, une maladie qui affecte les organes digestifs, etc. Il se peut aussi que vous suiviez un traitement ou que vous preniez des compléments qui ralentissent votre guérison (pour certains, il faudra suivre le protocole AIP depuis un long moment avant de pouvoir les retirer)

Cela peut donc être un processus assez long. Cependant, la plupart des gens commencent à voir des améliorations au cours des trois premiers mois et continuent de constater des améliorations progressives sur la durée. Pour ma part cela a pris 4 mois pour que je commence à voir des progrès (les maladies auto-immunes affectant la peau font partie des maladies qui prennent le plus de temps parce qu’en termes de guérison la peau n’est pas la priorité du corps humain). Mais tout s’est véritablement arrangé au bout d’environ 10 mois.

Généralement je conseille à toute personne ne voyant aucun changement au bout de trois ou quatre mois de rechercher d’éventuels facteurs additionnels (comme une infection chronique par exemple).

Quels encouragements pouvez-vous donner à toute personne débutant dans le paléo, le Whole30 ou l’AIP ?

Accrochez-vous ! Je sais par expérience que ces changements d’alimentation et de mode vie ne sont pas évidents. Cela demande de la détermination et de la persévérance. Mais rappelez-vous que le fait de vivre avec une maladie auto-immune est encore plus difficile.

Je vous assure que ça va devenir plus facile. Vous allez vous habituer à cette nouvelle façon de consommer. Les goûts changent et s’adaptent et vous serez capable d’apprécier ces nouveaux aliments. Vous vous imaginez passer plus de temps en cuisine, mais au fur et à mesure que votre répertoire de recettes s’étoffera vous passerez, au contraire, de moins en moins de temps aux fourneaux. Lorsque vous commencerez à vous sentir mieux, que vous dormirez mieux, et que vous aurez plus d’énergie vous commencerez à avoir envie de bouger plus. Retrouver votre santé vaut vraiment le coût de ce sacrifice car vous allez apprendre à mieux manger et surtout mieux vivre.


Vous pouvez choisir de mettre directement en place le protocole AIP sur le long de terme ou de commencer par le Whole30 Auto-Immune qui vous permettra de prendre la température avec un objectif clair de 30 jours, et pourquoi pas de continuer par la suite sur votre lancée.

Vous pouvez déjà consulter la liste de courses pour le Whole30 Auto-Immune en vous rendant sur le lien suivant : Liste de courses Whole30 AI.

Le prochain challenge Whole30 collectif commence le 1er février, cela peut être l’occasion de se lancer. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous rejoindre. Par ici :

Challenge Whole30

6 Replies to "AIP (Auto-Immune Protocol) : Le protocole Paléo pour les troubles immunitaires"

  • Revue de presse du 1er février 2015 - M.M Blog – Materner avec un grand Aime February 1, 2015 (2:08 pm)

    […] AIP (Auto-Immune Protocol) : Le protocole Paléo pour les troubles immunitaires […]

  • comment-avatar
    Diana February 2, 2015 (2:44 am)

    Super article !

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    MARINA February 18, 2016 (8:43 pm)

    DANS LA LISTE il est recommandé des aliments pasteurisés,il me semblait qu ils etaientpas conseillés car ayant perdus leurs vitamines

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    mouslim January 5, 2017 (10:46 am)

    Oui bonne percute MARINA tous les aliments pasteurisés sont à éviter car ils sont presque dépourvus de toutes vitamines. Ce qu’il faut dans la mesure du possible c’est d’éviter un maximum les supermarchés même bio, car ils fournissent des produits dépourvus de vitalité! Aller chercher directement chez le producteurs sur les marchés ou autres c’est la vrai démarche!

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    Fady February 24, 2017 (10:11 am)

    Salem aleykoum, dur quand on suit egalement le regime pauvre en fodmap.la farine de coco est elle autorisée? Par quoi remplacé les tomates ?merci par avance

    • comment-avatar
      admin March 11, 2017 (9:53 am)

      En AIP la farine de coco est autorisée mais c’est vrai qu’en low fodmaps il faut la consommer en quantités limitées.
      Pour les tomates, pas d’autre choix que d’apprendre à faire autrement tout simplement.

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